Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien.

Il y a des matins difficiles. Des matins où il faudra encaisser des coups, des injures, du débordement de mal être.

Le monsieur de la 52, il est dément à n'en plus finir. Il n'est pas grand mais quand il vous saute dessus c'est pire qu'une bête féroce. Plus personne n'ose l'approcher.

Mon collègue s'est fait bien entamer l'épaule. Simplement en voulant l'aider à s'assoir sur son lit. Mordu jusqu'au sang. Pas de bol le gars n'avait pas d'appareil dentaire. Ses "chagnottes" ce sont des vraies.

Avant je pensais qu'avec de la douceur et de l'empathie on arrivait à tout. Mais ça c'était avant.

Je pensais qu'un patient devenait agressif uniquement parce que le soignant l'avait maladroitement abordé … Eh bien non. On peut être doux comme un agneau et se prendre un bon coup de poing entre les deux yeux. Et ce ne sera pourtant pas faute d'avoir fait dans la dentelle, avec diplomatie, tact et compréhension.

J'ai passé 30 minutes avec lui pour essayer une vaine prise en charge pour sa toilette du matin …

Résultat des courses : il a finit par me poursuivre dans le couloir en hurlant. J'ai eu la peur de ma vie. Imaginez un peu la panique d'un gars qui aurait un pitbull affamé à ses trousses. Avec en prime l'impression d'avoir raté un passage sur le déroulement de la négociation hygiénique …

J'adore mon boulot : grâce à lui j'ai réduit à néant toutes mes certitudes.

Plus j'avance et plus je découvre l'humain.

Plus je découvre l'humain, plus je comprends que je ne sais rien de lui …