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Journal d'un "être" soignant
25 décembre 2015

Le concours

Je me suis jeté dedans à corps perdu. Je sentais que c’était le bon moment. Je me sentais comme arrêté à un carrefour, ou stoppé dans un tournant.
Le tournant de ma vie … Ah, la belle phrase toute faite ! J’en ai passé des week-end à potasser. Des soirées. Des jours fériés. Des jours de repos. Des journées en famille. J’ai acheté un bouquin, puis deux, puis trois. J’ai sacrifié des jours de soleil, des jours de printemps où les oiseaux chantaient la vie, chantaient l'espoir qui représentait mon renouveau. Il fallait relever ce challenge. L’envie d’apprendre, de voir son futur encore plus loin, d’évoluer. Tout ça me prenait les tripes. Il me fallait l'obtenir, ce concours infirmier.

Pour moi, aide-soignant - infirmier c’est un peu le même “package” ... même si c’est bien différent. Ca se ressemble, ça se complète : ça sent le soin à plein nez, c'est lâcher un bout de son amour propre et en faire don à cet autre que soi, cet autre malade. Celui pour qui vous serez beaucoup les jours de peine ...

Dans ces métiers du “take care”, comme le disent nos cousins Anglos saxons, ce qui me plait c’est cette démarche humaniste commune. Cette approche de l’humain. Soigner c'est insuffler un peu de sa vie à celui qui souffre. C'est comprendre. C'est écouter. C'est prendre le temps avec un patient. Ou, au moins, lui faire comprendre, à demi mot que l'on aimerait le prendre, ce peu de temps.

Soigner c’est un peu comme suivre une recette de cuisine : c’est avec tous les ingrédients bien mélangés que ça devient bon. Une bonne dose d'envie de bien faire, saupoudrée le tout avec un peu d'humour, un bon zeste de dialogues et d’échanges, un peu de recul sur soi même, une pincée de dérision et vous y êtes. Faites chauffer le tout à 37° C, délayer l'ensemble avec une bonne cuillérée d'empathie, de cette belle empathie qui vous fend le cœur ... Laissez à température ambiante … C'est prêt, tout le monde à table !

J’ai pensé peut-être qu’il me fallait un renouveau à ma vie de soignant. J’ai eu à nouveau cette envie de vibrer ... de me retrouver sur les bancs d'un amphi, entourée de cette belle jeunesse, ressentir encore l'insouciance de mes premières années d'études … cette belle époque où les premières rides n'avaient pas encore commencé à entailler ma trombine. Mais cette fois avec une vraie et une belle motivation.

Et puis c’est vrai. On m’a dit : “tu feras un bon infirmier !” Vas-y mon p’tit ! Vas-y à fond ! Tu es fais pour ça ! T’es encore jeune !  (C'est un peu naïf ces phrases toutes faites mais ça fait du bien, souvent …)

Je me suis dit aussi : je suis un aide-soignant heureux. Je serais aussi je l'espère un infirmier heureux.

Repartir dans les études c’est renouer avec la joie d’apprendre, de m’ouvrir à de nouvelles connaissances. C’est m’enrichir au contact des autres, de nouveaux collègues, de patients, de gens que je ne connais pas encore mais qui en vaudront la peine ou pas. Excusez-moi pour ce déballage de bons sentiments. Mais comprenez-moi. C'est si bon de tendre vers cet idéal rêvé. Cet idéal que jamais je n'atteindrai. C'est mon moteur, ma drogue, mon adrénaline.

J’étais prêt à assouvir ma curiosité de soignant toujours en devenir. Prêt à creuser encore et toujours l’abîme du savoir qui fait que par la connaissance on devient parfois meilleur.

Mars 2014. Je passe le concours. Deux mois s'écoulent. L'attente est là, pesante. Juin débarque et pointe le bout de son nez. Les résultats s'affiche sur la "toile"… Je l’ai eu, sur liste principale, me permettant si nécessaire de bénéficier d'un report d'entrée…

Affichant le sourire étincelant, tout ravigoté par la fraîcheur de juin, je suis parti la fleur au fusil, dans le bureau du directeur pour lui communiquer la nouvelle. Avec la tête de l’apôtre qui s’en va répandre la bonne parole ...

J'ai bien cru que tout cela n'allait être qu'un faux départ. Je n'avais aucune certitude que mon hôpital pourrait me financer. L'attente fut longue. Mais la flamme de l'espoir vacillait sous la blancheur immaculée de ma blouse d'aide-soignant.

Une année passa. Jamais je n'oublierai ce 7 août 2015. Le jour "béni" où le directeur me donna le feu vert du départ … (Il faut savoir dire merci et reconnaître sa bonté : je lui suis reconnaissant pour longtemps de m'avoir permis de réaliser ce projet qui me tenaillait le corps et l'esprit…).

J'ai intégré début septembre un ifsi lyonnais. 4 mois ont passé. Aujourd'hui c'est Noël. Curieuse date pour se livrer et s'épancher sur cette année 2015, qui pour moi fut jalonnée de joies intenses et de coups du sort, d'incompréhensions, de ruptures et de morts, de loin ou de près, et de proches perdus à jamais.

Je suis un homme rempli d'espoir. Parfois anxieux et chargé d'interrogations face à ces 3 années qui se présentent à moi. Le parcours sera long. Il sera peut-être aussi difficile. Mais je suis bien déterminé à donner le meilleur de moi-même. Pour moi, bien sûr. Et pour ceux qui me soutiennent aussi.

Quelle part de l'aide soignant que j'étais, (ou que je suis encore ?), laissera cette empreinte indélébile dans le futur infirmier que j'espère devenir ? Je ne pourrai répondre aujourd'hui … Peu importe. Je suis toujours un être soignant.

Alors écoutez mes paroles : vivez, aimez, apprenez, découvrez : parce que cette vie est finalement si belle quand on la regarde de près qu'elle vaut la peine d'être vécue.

L'humain a parfois le visage de la haine, de l'indifférence et du mépris. Mais qu'il est bon finalement de parvenir, en mettant tout son cœur à l'ouvrage, de s'élever au dessus de toutes ces vicissitudes et de ne prendre que la part du bon qui sommeille en chacun de nous … Il est vrai, cette tâche est lourde. Et bien orgueilleux celui qui oserait prétendre à toujours y arriver sans trébucher dans les obstacles de la vie qui se plait si souvent à jouer avec nos certitudes et notre belle assurance.

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Commentaires
F
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour les nouvelles, je revenais régulièrement pour voir la suite...<br /> <br /> Je suis enseignante pour de futurs aides soignants en Belgique et j'ai renseigné votre Blog à mes élèves, cela complète mes cours...<br /> <br /> Merci et continuer à alimenter ce blog bien intéressant. Bonne chance dans votre formation.<br /> <br /> <br /> <br /> Fran
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V
Bonsoir Rod!<br /> <br /> <br /> <br /> Et bonne nouvelle année à toi aussi,avec tes propres espérances...et ta réussite au bout,n'en doute pas!<br /> <br /> Merci de ne pas laisser le blog tomber comme une vieille chaussette^^et restons des êtres soignants,avant tout.<br /> <br /> <br /> <br /> A bientôt,<br /> <br /> Val.
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V
Bonjour Rod!Tes écrits me manquaient...je comprends aujourd'hui pourquoi...je te souhaite de belles choses pour ta future carrière!!Et,merci encore...
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